En 1972, Pierre Boulez entreprit son hommage à Stravinsky en introduisant une conception renouvelée de la musique de chambre, mettant en jeu l’appareillage électroacoustique en usage à cette époque. Il commençait une collaboration pratique entre le scientifique et le musicien, préfigurant les voies empruntées ultérieurement par l’Ircam. Hans-Peter Haller, directeur du studio du Südwesfunk (Fondation Strobel) à Fribourg-en-Brisgau, propose, outre les moyens classiques de modification du timbre et de prolongement rythmique, une machine nouvelle appelée halaphone, capable de faire «voyager» les sons dans l’espace en se basant sur des valeurs de dynamique ou de temps. L’œuvre, sous cette forme, fut créée à New York en janvier 1973.
Par la suite, d’autres exécutions eurent lieu, dans des variantes respectant cette conception initiale, notamment celle pour vibraphone solo et live electronics, composée pour le quatre-vingtième anniversaire de Paul Sacher (1986).
Depuis, Pierre Boulez a mis en œuvre une version totalement repensée d’… explosante-fixe…, tant au niveau instrumental (trois flûtes dont l’une connectée à l’informatique, un ensemble de bois, cuivres et cordes), que technologique (notamment la Station d’Informatique Musicale de l’Ircam avec laquelle interagit la flûte transformée).
Cette nouvelle production intègre des procédures très informatisées. Ainsi, un logiciel développé à l’Ircam, capable de suivre la partition exécutée par la flûte MIDI et de réagir aux variations subtiles de tempo caractérisant chaque interprétation musicale, assure une synchronisation parfaite entre soliste et ordinateur.
Extrait de la note de programme du concert.

Concert d'abonnement 9 - Ensemble Contrechamps

Il y a à l'intérieur de la modernité un moment que l'on pourrait dire «classique», parce qu'il est en forme d'apothéose, représentant un point d'équilibre et de maîtrise qui touche à la perfection. Les œuvres de ce concert incarnent un tel moment. Si celles de Holliger, extraites du Scardanelli-Zyklus, sont des «exercices» spirituels dans lesquels une idée simple crée sa propre forme, les pièces plus développées de Ligeti et Boulez témoignent d'une relation idéale entre l'idée de composition intégrale et l'expérience d'une forme labyrinthique, riche de surprises et d'inconnus. Il émane aussi de ces œuvres une plénitude sonore qui provient en partie d'une pensée harmonique totalement aboutie et restaurant un certain idéal de beauté. La forme traditionnelle du concerto est ici sublimée et devient l'image d'une relation nouvelle entre l'individu et le groupe, relation fondée non pas sur la concurrence ou l'opposition, mais sur la coopération, la différenciation et l'écoute mutuelle. Extrait de la note de programme.