Quintette à vents aux aspirations didactiques, les Three Little Fantaisies, que le compositeur définit comme « études », trouvent leur origine dans une partition intitulée Hums and Songs of Winnie-the-Pooh (1970-1983).
Le deuxième mouvement, Lento e calmo, est une très élaborée Klangfarbenmelodie, réalisation a posteriori, mais contemporaine, des « nuages » provoqués par les cheminements d'une écriture simultanée. De l'infime texture d'une harmonie consonante, où chaque note oscille délicatement entre le ppp et le pp, au sein d'une unité rythmique élémentaire qui constitue les fondements d'une polyphonie dérivé des Farben 3e des Cinq pièces pour orchestre, opus 16 de Schoenberg, émane la mélodie. Une note à la clarinette, une note au cor, puis une figure de la flûte, du hautbois... Basson et cor perpétuent l'oscillation originelle des dynamiques, tandis que l'acuité des trois autres instruments divise la mélodie à travers timbres et ornements en excroissance, que visitent parfois un glissando de micro-intervalles et les trilles de la flûte ou de la clarinette. Allégorie de la consonance, la deuxième fantaisie s'achève sur la déconstruction de l'accord initial renversé, jusqu'au seul mi bémol du cor, réminiscence du son premier du hautbois.
Les deux fantaisies qui encadrent le mouvement lent sont deux variations de la mélodie empruntée. Le premier mouvement, Tempo giusto alternance de chorals et de lignes monodiques, s'ouvre et se ferme sur un unisson – si, puis mi bémol, intervalle définissant le mouvement de la fantaisie, présent dès les premières mesures à la flûte, au hautbois et au cor. Ainsi, le premier choral, avec sa densification harmonique, est une miniature de l'ensemble : le chant, les cadences du cor, de la flûte, du hautbois et de la clarinette, puis du basson, la complexité croissante du contrepoint jusqu'au scherzando aux rythmes parallèles, aboutissent au relâchement conclusif.
La troisième fantaisie, Vivace, présente un canon strict à cinq voix dans une écriture rythmique différenciée qui intègre la malléabilité caractéristique de la facture instrumentale : la vivacité de la flûte et du hautbois, puis le basson, le hautbois et enfin les valeurs longues du cor. Progressivement dénaturé par l'intrusion de figures, d'éléments étrangers au canon mais assimilés, absorbés par le mécanisme canonique, le troisième mouvement, avec sa reprise, ses longs rallentandos et accelerandos, s'achève sur une rétrogradation ornée du premier choral de la première fantaisie, geste expressif constitutif de l'unité de l'œuvre.
Laurent Feneyrou.