Le Mikrokosmos est un recueil de 153 pièces progressives pour l'enseignement du piano - une «musique pour piano depuis le tout début». Mais chaque pièce est à la fois une étude sur un problème de technique instrumentale et sur un problème compositionnel, les deux n'étant guère séparables : la limitation imposée par la situation pédagogique est une source d'inspiration qui stimule l'imagination du compositeur.
On y retrouve les traits de son langage, nullement émoussés comme dans tant de pièces didactiques : Etude d'accords et de trilles ou Petit canon et inversion - la version pour piano solo s'intitulait Staccato et legato - montrent que le terme d'étude peut désigner une forme aboutie et raffinée (que l'on songe à Liszt, que Bartók lui-même a beaucoup joué).
Le recours vivifiant au folklore (dans Nouvelle chanson populaire hongroise, qui comprenait à l'origine une partie chantée), à sa rythmique instable (dans Rythme bulgare) alterne de façon caractéristique avec des moments plus dissonants.L'Ostinato final, véritable pièce de concert, n'est pas sans rappeler l'Allegro barbaro de 1911.