Signification du titre
En persan, le terme Sabâ est le nom de la brise matinale du printemps qui souffle de l’est vers le nord, la brise de Saba. Le peuple d’antan pensait que ce vent doux et frais, porteur de confidences amoureuses et semant la nature, débutait sa trajectoire a partir de la constellation des Pléiades (Khoushe-y-e Parvin) en direction de la Grande Ourse (Haft Ôrang). Sabâ Le nom de Saba s’inscrit parmi les 24 hymnes antiques et s’associe à la pureté de l’enfance.
La pièce
Lors qu’il s’agit d’un compositeur doté d’une formation musicale double occidentale et orientale, qui puise son inspiration dans les sources traditionnelles non-européennes, le processus de la composition trouve une nouvelle dimension. Le compositeur est donc souvent amené à affronter les problèmes liés au décalage ontologique qui existe entre deux cultures musicales lointaines. Ceci devient plus problématique lorsqu’il s’agit des cultures riches et anciennes car le compositeur est tiraillé entre deux modes de pensée différents, voire parfois radicalement opposés. D’une part il tisse des liens affectifs avec sa culture d’origine qui le place dans la cage dorée des merveilles éternelles et intemporelles, lui ôtant toute sa liberté, d’autre part, il vit dans un monde moderne où la forme du discours est basée sur une remise en question du passé.
La première version de Sabâ est une commande du festival d’automne à Paris pour Sabâ est une commande du festival d’automne à Paris pour ensemble et deux instruments iraniens qui a été créée en 2007 par Nieuw Ensemble à l’amphithéâtre de l’Opera Bastille à Paris. Cette pièce a été révisée en 2016 pour l’ensemble italien, Divertimento et târ.
Ce qui distingue l’effective de cette pièce, c’est le rôle des instruments pincés pour soutenir le jeu de târ. La scordatura microtonal de la harpe, ainsi que la ressemblance morphologique et sonore de la guitare et târ facilitent le rapprochement entre la sonorité de cet instrument et celle de l’ensemble.
Malgré une partition précisément écrite, l’œuvre revêt un caractère improvisé, fluide dans son rythme, et qui n’exclut pas une dimension mystique dans son traitement de la forme et du temps musical. L’utilisation des micro-intervalles anime les timbres de l’effectif et participe du subtil nouement entre la couleur et une essence monodique de l’écriture. Dans cette scène, l’instrument traditionnel, tantôt en conservant sa propre identité musicale, tantôt en adoptant le langage d’autrui, jonglent librement entre deux univers musicaux :
est-ce la richesse expressive de tar qui emporte ou c’est la force d’un discours contemporain qui domine les sonorités traditionnelles ?