« Toute œuvre ne peut donc témoigner que de sa seule survivance et n'invalide pas la problématique, mais au contraire la transpose de la phase de mise en œuvre à l'œuvre elle-même, pour en mettre à nu le manque de fondement. »
Franco Donatoni, Processus et figure
Contemporain d'Eco, pour orchestre de chambre, et d'Arpège pour six instruments, Refrain, pour huit instruments, définit une « musique transversale » ou la capacité de diriger l'écriture vers des horizons stylistiques disparates.
Ecrite pour le Nieuw Ensemble, la partition repose sur une antinomie originelle : le dialogue entre cordes pincées, caractéristique timbrique de l'ensemble qui devient composante formelle, et vents, entre instruments qui entretiennent ou non le son, se prolonge dans une division entre lié et staccato, entre le chœur, le choral, le chorus du piccolo et de la clarinette, et un pizzicato généralisé défini par le solo d'introduction à la contrebasse, hommage à Charles Mingus, référence au jazz et à l'éloquence d'Alamari (1983), pour violoncelle, contrebasse et piano.
Le titre signifie cette contradiction et stigmatise le développement d'un refrain continu, à l'effectif croissant, au sein duquel la juxtaposition, l'alternance, et l'imbrication, la coïncidence des deux plans se résolvent dans une esthétique de la fusion, de la confusion. Et si les tutti, aux scansions différenciées, scindent les gestes instrumentaux — piccolo et clarinette, marimba, alto et contrebasse, guitare, harpe et mandoline, à la musicalité plus persuasive, napolitaine —, les cordes retrouvent leur archet, l'ensemble sa lyrique.
Laurent Feneyrou, concert du nieuw ensemble, le 3 novembre 1993. Programme complet en pdf sur : http://mediatheque.ircam.fr (lien vérifié en février 2012).