Le titre a pour origine un caractère chinois qui signifie « silence ». J'ai pris cette analogie poétique dans le sens exact du terme, comme silence de la matière physique. Les actions et réactions de l'invisible telles que la transformation, la modulation ou la friction de l'énergie dans le temps et l'espace, ressortent comme un motif important de la musique.
Dans de nombreux aspects de la composition, on trouve des applications programmées avec le logiciel OpenMusic, pour concevoir et développer des matériaux musicaux complexes. Par exemple, le relevé de fréquence et sa gradation sur un axe de temps construit à partir des modèles de données spectrales harmoniques ou inharmoniques, la phrase musicale interpolée (hauteur, attaque, durée, dynamique) et manipulée via un filtre variable de hauteur/intervalle, la structure fractale de la pièce, et ainsi de suite. En travaillant ainsi, j'ai confronté ma propre perspective avec quelque chose qui existe, au-delà de l'imagination humaine, dans l'espace musical.Les sons électroniques ont été élaborés avec les logiciels MAX/MSP, Diphone et Modalys, puis édités en Pro Tools.
En particulier, j'ai développé dans MAX/MSP un objet qui optimise la lecture d'échantillons sonores. En expérimentant la synthèse additive de cet objet, j'ai pu traiter n'importe quel son et réaliser des évolutions entre certaines fréquences, timbres et échantillons sonores originaux ou étendus, et j'ai ainsi élaboré une nouvelle étape dans la « synthèse instrumentale » de Gérard Grisey et dans la technique d'échantillonnage granulaire. Ces sons préparés sont joués et synchronisés avec le musicien, grâce à MAX/MSP, qui réalise aussi de la transformation en temps réel du son de l'instrument.
Shintaro Imai, programme du concert du Cursus de composition 1999-2000, Ircam.