Focales, première œuvre que j’ai écrite pour orchestre symphonique a été composée durant l’année 1997. L'idée de la pièce consistait à envisager l'orchestre comme une entité visuelle ; deux types de focales sont alors exploitées pour explorer les sonorités de l'ensemble :
– focales fixes, panorama arrêté, gros plan sur de petits groupes d'instruments ;
– focales dynamiques, mouvements, balayages, grossissements soudain de l'objectif…
L'œuvre, d'une durée de dix minutes se déploie d'abord en une succession de courtes sections où se cristallisent des éléments, des figures, des gestes entrant peu à peu dans des processus de développements. La densité régulièrement accrue, opère une tension progressive du discours qui ne se relâche, que partiellement qu'à la fin de la pièce ; ici, seuls quelques résidus, agissent (réagissent) encore, tels ces mouvements vifs et subits de notre pupille, en observation.
Mon approche électroacoustique de la composition explique dans cette œuvre la prédominance d'un travail sur la gestualité, la matière, les effets de filtrages et autres techniques du son que j'ai pratiquées jusqu'alors en studio. L'orchestre est conçu comme le vecteur de ces techniques, où chaque partie participe à cet assemblage de mouvements renouvelés (vitesse, fusion, timbres, résonances) parfois flous, ou bien très nets…
Pierre Jodlowski.