Brut a été composé pour une poupée de Michel Nedjar. La poupée faisait partie de l'installation Danse Macabre II Peepshow d'Allen S. Weiss, dédiée à l'Holocauste. L'installation était un « cube » avec quatre petites ouvertures (judas), une pour chacune des poupées de Nedjar.
Mon idée était d'approcher l'horreur de l'Holocauste (si cela peut être envisageable) par des moyens rencontrés fréquemment dans les traditions aurales : l'alternation constante du « chanter » et du « lamenter ». Cette opposition et coexistence de deux modes d'expression, émotionnelle et musicale, m'a semblé la meilleure façon d'atteindre un tel fait qui « ...n'aurait pas du arriver. Il s'est passé là quelque chose dont plus personne ne peut se debarasser. » (Hannah Arendt).
Le titre Brut se réfère autant aux origines d' « art brut » de Nedjar qu'à un genre que j'appelle « acousmatique pauvre » : une musique dépourvue de « lifting sonore » qui peux exister dans des conditions d'écoute variées. Le matériau sonore de la pièce vient des enregistrements basse qualité (Billie Holiday, Odetta), de sons d'enceintes à membranes percées, de bruits de disque vinyle, et de bourdons de guitare jouée avec un e-bow. J'ai travaillé en évitant les effets électroniques. J'ai surtout utilisé des coupures abruptes, transpositions, renversements, boucles et filtres élémentaires – des actions musicales inspirées du turntablism.
Giorgia Spiropoulos.