flute (also piccolo), oboe, clarinet (also Eb clarinet, bass clarinet), bassoon, horn, trumpet, trombone, tuba, 2 percussionists, 2 violins, second violin, viola, cello, double bass
Allemagne, Cologne
Marco Blaauw : trompette, musikFabrik, direction : Christian Eggen.
Trompettiste de formation, Olga Neuwirth accorde une place significative à son instrument dans ses compositions. En sus d’œuvres pour trompette seule (Laki et Fumbling & tumbling, Addio...sognando pour trompette et bande), ses partitions abondent en solos de trompette. Dans son opéra Lost Highway (2003), d’après le film de David Lynch, le personnage principal est un trompettiste, alors qu’il est saxophoniste dans le scénario d’origine. Deux ans plus tard, Neuwirth achève la version avec orchestre de … miramondo multiplo…, créée sous la direction de Pierre Boulez en 2006, puis l’adapte pour ensemble. Promesse de lyrisme, le mot « aria », dans le titre de chaque mouvement, fait aussi référence à l’air en tant que gaz, la trompette représentant « l’extension de la respiration humaine ».
Après avoir analysé le son des cuivres, Neuwirth a orchestré les « blocs d’accords comme s’il s’agissait d’un instrument hybride ». Le musicologue Stefan Drees commente en ces termes l’influence réciproque entre la trompette et l’orchestre : « Le soliste est souvent pris dans des processus imposés par l’orchestre, quand il ne les déclenche pas lui-même : il lui arrive de disparaître dans l’orchestre. […] Même si à la fin, c’est l’individu, incarné par le soliste, qui aura le dernier mot après le dialogue – il se détache d’un trio qu’il forme avec la trompette de l’orchestre et le saxophone –, cela ne signifie guère qu’il triomphe du groupe des musiciens. C’est davantage une révérence artistique devant l’individualité de tous ceux qui ne se conforment pas à la collectivité, mais qui se laissent inspirer par elle sans se soumettre. »
Le titre du concerto se réfère à une sculpture cinétique du Gruppo T (collectif fondé par quatre artistes italiens en 1959), « par le prisme de laquelle on voit le monde sous un jour toujours changeant, un peu à la manière d’un kaléidoscope », admire la compositrice.
Ce kaléidoscope miroite de souvenirs musicaux, d’allusions (à Miles Davis notamment) ou de véritables citations. Haendel (chez qui la trompette joue souvent un rôle de premier plan) fait l’objet de plusieurs références, parfois déformées, comme dans le premier mouvement où les formules de doubles croches proviennent de l’air Un pensiero nemico di pace dans l’oratorio Il trionfo del Tempo e del Disinganno. Le finale cite un motif du chœur Glory to God du Messie. Au début de l’Aria della pace, la trompette amorce rêveusement Lascia la spina (que Haendel a lui-même utilisé dans trois autres partitions), issu du même oratorio : la mélodie affleure à la surface de la mémoire et se précise quand les cordes la reprennent. Un effet similaire se produit dans l’Aria della memoria dont émerge progressivement Send in the Clowns : enfant, Neuwirth aimait jouer à la trompette cette chanson de Stephen Sondheim composée pour la comédie musicale A Little Night Music. Utilisées pour leurs qualités sonores, les citations sont aussi des signaux, des surprises qui relancent l’attention. Elles favorisent les associations d’idées, selon les expériences et souvenirs de chaque auditeur, comme des mondes multiples chatoyant dans le kaléidoscope du temps.
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