Allegro molto Cas unique dans le corpus bartokien, le Quatuor à cordes n° 4 voit le jour un an à peine après le troisième dont, à bien des égards, il apparaît comme le pendant expressif et architectural, né d’un même élan de recherche compositionnelle. Le Quatuor à cordes n° 4 est la première œuvre pour laquelle Béla Bartók adopte une forme en arche, qui deviendra l’une de ses signatures de compositeur. L’arche sert autant à rythmer l’œuvre dans sa globalité qu’à nourrir son énergie expressive : les cinq mouvements, chacun de forme tripartite, constituent un palindrome formel (ABCBA) tissé d’un étroit réseau d’interrelations. Le choix de l’arche a toutefois été relativement tardif. L’œuvre s’organise autour du mouvement central, rhapsodique, lent et introspectif, lui-même de forme ABA. Deux scherzos légers et galopants l’encadrent, le quatrième mouvement apparaissant comme une variation intégralement pizzicato du deuxième, à la manière d’un petit «revenez-y » avant le final. Celui-ci, rapide, travaille le même matériau percussif que le mouvement inaugural. À cette symétrie globale s’ajoutent, plus localement, des canons ainsi qu’une réflexion harmonique autour de notes pôles: do pour le premier et le dernier mouvement, mi (tierce supérieure de do) pour le deuxième, la pour le troisième, et la bémol (tierce inférieure de do) pour le quatrième. On reconnaitra enfin dans le matériau thématique le parfum des musiques traditionnelles que Bartók étudie avec intérêt depuis le début de sa carrière, ainsi que quelques effets instrumentaux alors rarement usités dans le cadre du quatuor. J.S.