informations générales

date de composition
2012
durée
17 min
éditeur
Edition·S, Copenhague

genre

Musique instrumentale d'ensemble (Ensemble instrumental mixte de plus de 25 instruments)

effectif détaillé

2 trompettes, 2 trombones, tuba, 2 cors, 2 bassons, 3 clarinettes, 2 hautbois, 2 flûtes, 2 pianos, 3 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse

informations sur la création

date
5 octobre 2012

France, Paris, Centre Pompidou, Grande salle

interprètes

l'Ensemble intercontemporain.

Information sur l'électronique

Information sur le studio
Ircam, Cursus II
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale)
Jean Lochard, Rune Glerup
Dispositif électronique
temps réel

Note de programme

Le titre de cette pièce en rappelle deux autres, dans votre catalogue : dust encapsulated #1 et #2. D’où vous vient cette fascination pour la poussière (« dust »)?

Il y a dans ces trois pièces comme un hommage caché à Marcel Duchamp et Man Ray. Et plus particulièrement à l’histoire du Grand Verre de Duchamp : durant ses voyages en Europe, Duchamp a en effet laissé son œuvre un long moment à New York. Quand il est rentré, le Grand Verre était couvert de poussière, une poussière qui dessinait comme un réseau ou un paysage. Man Ray en a pris une photo, qui est devenue une œuvre autre, à part entière : Élevage de poussière.

Comment cette idée de « poussière » se retrouvet-elle dans votre musique ?

Ma musique peut être en effet « poussiéreuse » – même si Examples of Dust l’est moins que d’autres – mais je ne pense pas être consciemment en train de recréer une impression de poussière : la transposition musicale d’une idée artistique n’est jamais aussi directe et aussi claire. 

Cela dit, les arts visuels sont une grande source d’inspiration pour moi : j’aime la manière dont on y travaille la matière. C’est la raison pour laquelle mon écriture procède surtout par « objets » musicaux. Je travaille plus comme un sculpteur que comme un compositeur, je « conçois » l’objet, sa forme, sa texture, ses implications dans l’espace. Ce sont des objets musicaux que l’on peut presque toucher, une musique palpable.

Ainsi la forme se génère-t-elle d’elle-même : comme un designer, j’imagine un objet – ce qu’on pourrait appeler traditionnellement une « section » —, puis un autre, et encore un autre, et je les assemble en un objet plus vaste. Certains objets sont repris, tels quels : c’est le changement de contexte qui les éclaire de manière différente.

C’est aussi la raison pour laquelle cette pièce s’appelle « Examples of Dust » : comme un spécimen de ce genre de poussière, un exemple parmi d’autres – c’est un terme qui pourrait à mon avis s’appliquer à de nombreuses œuvres musicales.

En quoi l’électronique intervient-elle dans votre écriture ?

C’est assez simple : on peut faire tant de choses avec l’électronique. Ce que j’aime, c’est que les sons produits sont, par nature, différents des sons acoustiques. Examples of Dust est écrite pour ensemble et électronique. L’écriture instrumentale est en elle-même riche de combinaisons sonores possibles – le défi est donc de faire de l’électronique une valeur ajoutée.

Je ne veux pas que le son de l’électronique soit un son en plus, ou à côté, du son acoustique, c’est un son autre. C’est sa qualité propre qui m’intéresse. Souvent, je pense à ce que l’ordinateur a apporté au cinéma d’animation : l’animation à la main peut donner des œuvres fantastiques, mais l’ordinateur a donné aux textures quelque chose de vivant. Une qualité autre qu’on ne pouvait obtenir à la main.

Combiner significativement acoustique et électronique était donc surtout un défi esthétique, et la solution a été d’utiliser davantage le son des instruments comme base de l’électronique plutôt que des sons de synthèse.

J’ai exploré un certain nombre de pistes dans ce sens : ainsi l’électronique est-elle toujours en lien avec le jeu de l’ensemble. Parmi les vingt-six instruments, six seulement sont équipés d’un micro pour capter leur son et le retraiter par ordinateur.

Autour de chacun d’eux s’agrège un groupe instrumental, auquel la partie électronique correspondante s’adjoint naturellement, en étendant ses possibilités sonores. Bien sûr, de section en section, les groupes instrumentaux qui gravitent autour des six instruments enregistrés varient dans leurs effectifs…

L’électronique devient ainsi une extension de l’instrumentation.



Rune Glerup, propos recueillis par Jérémie Szpirglas.

captations

Voir la fiche media

complete.mp3

Composé par Rune Glerup , concert du 4 octobre 2012


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