Le problème de la modélisation de la distance perçue entre des collections de hauteurs et des représentations musicales a attiré l’attention de nombreux chercheurs, de la tentative de la part de Carol Krumhansl d’étudier la réalité psychologique de transformations géométriques néo-riemanniennes aux études plus récentes de la part de l’un des auteurs sur la mesure et modélisation de la distance perçue entre de collections de hauteurs en musique post-tonale. Dans le cadre d’un projet de recherche soutenu par le CNRS intitule ProAppMaMu (Processus et Techniques d’Apprentissage des savoirs ‘mathémusicaux’), nous avons développé un environnement web pour mener des expériences empiriques visant à mieux comprendre les processus cognitifs utilisés par les auditeurs dans l’apprentissage et assimilation de la structure du Tonnetz.
Nous avons conçu un protocole expérimental qui a été testé (au moment de la rédaction de ce résumé) auprès de 60 participants (30 musiciens [professionnels et étudiants] et 30 scientifiques).

À chaque participant, nous avons fait écouter 12 séquences harmoniques parcimonieuses dans le double format de trajectoires sonores et visuelles à l’aide de l’interface graphique. Après une première écoute, les participants devaient deviner la position spatiale du dernier accord de chaque séquence parmi six solutions proposées. La tâche a été proposée deux fois, avant et après avoir visionné un court tutoriel expliquant les fondamentaux du Tonnetz. Les stratégies mentales adoptées afin de répondre à chaque tâche ont été étudiées à travers un questionnaire. En essayant de regrouper les sujets en accord avec leur background, nous avons analysé l’exactitude de la réponse et sa relation avec le degré parcimonieux de la séquence harmonique, l’effet de feedback auditif/visuel, la distance entre les accords et le temps de réponse. Des résultats préliminaires ont montré une différence significative entre musiciens et scientifiques, en particulier dans la deuxième tâche (après assimilation de la structure du Tonnetz) et concernant l’exactitude de la réponse, la reconnaissance des espèces d’accords, la distance relative entre les accords et la réponse temporelle. En présentant ces premiers résultats, nous espérons pouvoir ouvrir une discussion sur le protocole utilisé et les possibles implications de notre approche dans le domaine de la cognition et perception musicales.