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Nous proposons, dans le cadre de cette rencontre scientifique, de revenir sur certaines questions soulevées par Michel Imberty dans ses préfaces des deux ouvrages collectifs: Musique Signification et Émotion et Les corpus de l’oralité.
Dans sa première préface intitulée : « Quelques réflexions sur les origines psychologique et biologique de la musique », Imberty déplore le peu d’écrits sur l’émotion dans les musiques arabes ou dans l’Asie centrale. Nous pensons qu’il a tout à fait raison de souligner cette carence dans les travaux récents, pourtant la littérature paramusicale arabe ancienne regorge de récits évoquant une multitude d’états émotionnels observés chez de nombreuses personnes « musiquées » suite à l’écoute de chants collectifs ou individuels.
Il nous paraît important de revenir sur certaines notions, qui peuvent prêter à confusion, comme c’est le cas du tarab et son rapport à la voix chantée.
La voix étant capable d’exprimer n’importe quel état d’âme et de communiquer les émotions et les sentiments les plus contrastés. Traditionnellement, dans le monde arabe, la voix ne vaut réellement que si elle touche profondément l’auditeur, si elle déclenche chez lui un phénomène irrationnel qui frappe à la fois le corps et l’esprit. Le chanteur, qualité de mutrib, se doit d’être ému et d’émouvoir son auditoire en lui procurant al-tarab, notion complexe désignant une gamme étendue de réactions émotionnelles, consécutives à l’audition de la musique, allant de la délectation intellectuelle et de la douce émotion jusqu’à l’extase voire à un choc intense susceptible d’anéantir l’auditeur.
Nous reviendrons également sur l’accordage affectif dans le volet consacré à la Musicalité communicative pour faire un parallèle avec al-Saltana dans la tradition musicale de l’école syro-égyptienne, une notion qui n’a vraisemblablement pas été abordée, qui est en rapport étroit avec al-tarab. al-Saltana concerne essentiellement les acteurs, musiciens instrumentistes chanteurs solistes et choristes, c’est un état émotionnel dans lequel doit se trouver le musiquant (l’acteur) pour procurer al-tarab au musiqué (le récepteur). al-Saltana dans un groupe est comparable à la résonance émotionnelle.
Dans sa seconde préface intitulée: «L’oralité, une réalité musicale oubliée?» Michel Imberty passe en revue des questions liées à l’oralité et finit par conclure que « La musique est donc par nature orale». Il évoque trois axes de réflexions importants: la transmission orale des répertoires non écrits et les tentatives plus ou moins réussies de transcription. Les rapports entre l’improvisation et l’interprétation des œuvres écrites. La nécessite de tenir compte des pratiques vivantes et des processus psychologiques cognitifs et émotionnels dans l’étude de l’oralité.
Nous proposons d’aborder: L’oralité dans l’exécution de l’écrit (dans la musique arabe) et les répercussions de l’adoption de la notation occidentale et des techniques d’écriture sur l’émotion musicale ; deux questions liées à la problématique de cette communication.
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