Le moins que l'on puisse dire au sujet des idées en musique, ou de la musique comme idée, c'est que pour qui s'y aventure il y verra s'effondrer peu à peu toutes ses certitudes. Peu importe ce que je pense d'une pièce maintenant, ou ce que j'en ai pensé au moment de l'écrire, je me rends compte que la musique se suffit en soi, qu'elle est sa propre métaphore, et que peu à peu elle reprend ses droits en matière de signification nous laissant progressivement dans le deuil des « idées » de son auteur. Peut-être est-ce pour cela que nous préférons les compositeurs morts aux vivants, ainsi ce dernier ne risque pas d'induire le doute dans l'interprétation que nous oserons bien faire de ses assemblages, laissant ainsi souverainement errer notre imagination d'auditeur en toute tranquillité, sans souci de « rectitude poétique ». Ce soir j'ose espérer que cet ouvrage aura suffisamment de force pour vous emmener là où bon vous semble, et que vous saurez oublier ma « présence », dans un lieu ou subsiste quelque chose qui nous rassemble.