« L'idée précise et persistante d'un poudroiement sonore s'est forgée progressivement après l'étrange sensation vécue lors de la découverte du Jüdischer Friedhof (cimetière juif) berlinois de Prenzlauerberg, enchâssé entre la Schönhauser Allee et la Kollwitzplatz. » À Partir d'une sensation réelle et vécue et de cette idée sonore, Jacques Lenot dispose ses chutes de sons, cascades de cloches ou mécanique horlogère dans l'Église Saint-Eustache car il fallait, selon ses mots, que ce « poudroiement puisse tomber, et de très haut. »
À la recherche d'un univers riche d'images poétiques, Jacques Lenot dévoile quelques-unes de ses sources d'inspiration : bruissement de balanciers des pendules, cliquetis de son enfance dans une famille d'horlogers, et plus tard, la dernière Élégie de Duino de Rainer Maria Rilke, l'invocation des Lamentations de Jérémie, la vision du Char de Yahvé d'Ézéchiel ; enfin, l'extrait d'un dialogue entre Emmanuel Lévinas et Philippe Nemo. D'un rêve de bonheur (Rilke), du bruit de la gloire de Yahvé (Ézechiel) en passsant par une réflexion sur le « il y a » (Lévinas), Jacques Lenot réalise son premier travail avec l'informatique musicale à l'Ircam, il étend ainsi son champ créateur en quête d'une perpétuelle indépendance. L'imaginaire de cette œuvre conçue comme une mécanique horlogère d'où tombe une « pourdre-cloche », trouve dans l'Église Saint-Eustache une cristallisation musicale, poétique et spirituelle.