Après des études de flûte traversière et une licence de Musicologie, Claire-Mélanie Sinnhuber étudie la composition avec Sergio Ortega, Allain Gaussin et Ivan Fedele avant d’intégrer le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Frédéric Durieux. Elle y suit également les cours de Luis Naón, Yann Geslin et Tom Mays avant de rejoindre le Cursus en composition et informatique musicale de l’Ircam en 2004-2005.

Lauréate de la Villa Kujoyama en 2008, elle est pensionnaire de la Villa Médicis en 2010-2011.

Ses pièces ont été jouées notamment par l’Ensemble Intercontemporain, Ars Nova, L’Instant donné, Cairn, Court-Circuit, 2e2m, Multilatérale, Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Bruxelles, l’Orchestre de Picardie, l’Orchestre de Paris, le chœur de chambre les Éléments, la maîtrise de Radio France, Raquel Camarinha, Shigeko Hata, Mathieu Dubroca, Lucile Boulanger, Vanessa Benelli Mosell, Léo Warynski, George Jackson, Sofi Jeannin, Alain Altinoglu…. Elles ont été programmées notamment au festival Musica (Strasbourg), au festival Manca (Nice), à l’Abbaye de Royaumont, à l’Ircam, au Forum Neues Musiktheater (Stuttgart), à MaerzMusik (Berlin), Ars Musica (Bruxelles) et au Suntory Hall Summer Festival (Tokyo).

Claire-Mélanie Sinnhuber rappelle souvent son attachement au triptyque lexical lié au « faire musical » : jouer, suonare, tocar, soit l’élément ludique, l’élément sonore et l’élément concret. Son catalogue reflète cette conception tripartite de la musique : dans little box (2005), par exemple, un percussionniste joue d’un ordinateur amplifié. La compositrice tire alors parti de tous les bruits associés à cet objet : cliquetis du clavier, de la souris, larsens du micro, toucher des différentes surfaces…
L’espièglerie est un autre aspect prégnant de son travail, présent dans de nombreuses pièces : Tracasseries (2006), Tintamarre (2008), Joyeusetés et autres (2011), Dîner chez Sénéchal (2013), Machinettes (2020), Fables (2021) ou Sagesses et malices (2023) que ce soit par des principes purement musicaux (répétition jusqu’au ressassement ou juxtaposition formelles ou timbriques inattendues) ou par la mise en musique de textes eux-mêmes facétieux, comme ceux de Rabelais ou de Buñuel.

Claire-Mélanie Sinnhuber, qui dit avoir une marotte pour les sons de frottements, est arrivée à la musique par une attention exacerbée aux bruits du quotidien. Associant à cela son intérêt pour les possibilités instrumentales, la compositrice travaille souvent au détournement des instruments : faire jouer un instrument par un autre (la flûte et la guitare dans Revers, 2006), faire entendre les clés des flûtes et des clarinettes, intégrer la respiration de l’instrumentiste à la pièce… Elle se sent proche de la conception japonaise du son qui ne dissocie pas le bruit de la note, mais les conçoit comme les deux parties d’un tout. Son catalogue est traversé par la question de l’équilibre entre ces deux versants du son.

À ce titre, son écriture se nourrit de sa confrontation permanente avec la réalité du son et du geste instrumental (tocar), affirmant une part de sensualité et de douceur de plus en plus présente ces dernières années : Les Roses héroïques (2021), La Dame d’onze heures (2022), Regain (2022), Flos Fracta (2023)…

La voix est omniprésente dans sa musique, qui comporte de nombreuses œuvres vocales, mais existe aussi parfois en tant que modèle mélodique — la voix parlée, murmurée — pour ses pièces instrumentales. Ainsi la prosodie, le souffle, le phrasé d’une voix imaginaire viendront irriguer certaines pièces comme c’est le cas pour Soliloque (2009) et Sept exceptions (2010). Cette fascination pour la voix parlée ira jusqu’à la composition de Mitsou (2014) opéra-film —inspiré des dessins d’enfants de Balthus et de la correspondance entre Rilke et le jeune peintre — co-écrit avec le cinéaste Jean-Charles Fitoussi dont le rythme du chant est entièrement calqué sur la voix effacée des acteurs du film.

Son catalogue est publié, entre 2004 et 2014, par les Éditions Jobert.

Prix et récompenses

  • Grand prix de la musique classique contemporaine de la Sacem, 2021 ;
  • Prix Nadia et Lili Boulanger de l’Académie des Beaux-Arts, 2021 ;
  • Prix Hervé Dugardin de la SACEM, 2017 ;
  • Prix de composition Georges Enesco de la SACEM, 2007 ;
  • Prix Francis et Mica Salabert, 2006.
© Ircam-Centre Pompidou, 2023

sources

Site de la compositrice, CDMC, ensemble Utopik.



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