2023-06-17_Concert_JoshLevine_Anyway_StereoBIN.mp3

Composé par Josh Levine , concert du 17 juin 2023

informations

évènements
Anyway
Type
Concert
Lieu de représentation
Ircam, Espace de projection (Paris)
durée
39 min
date
17 juin 2023
note de programme
Anyway

Cette pièce écrite pour Parker Ramsay est dédiée à la mémoire de mon père. Le fil rouge principal de la pièce est le poème éponyme, Anyway, que j’ai commencé à écrire dans les derniers jours de sa vie, et fini peu après son décès. La pièce s’inspire également du genre du tombeau, qui trouve son origine dans la musique française du xviie siècle.
L’œuvre est le lieu d’une réflexion sur l’état d’être, à bien des égards surréaliste, dans lequel j’ai pu observer mon père glisser au fur et à mesure de sa lente agonie : la raison vacillante, il avait du mal à ne pas perdre de vue la logique des relations de cause à effet; et il semblait faire l’expérience d’une désincarnation progressive de l’esprit, dont témoignaient des associations d’idées de plus en plus libres entre différents fils de pensées, de souvenirs et d’imaginaires Les éléments électroniques de la pièce remplissent des fonctions variées. Certains relèvent de la « désintégration » de la harpe et de sa dissolution dans l’espace (ce que l’on pourrait aussi considérer comme une forme de transcendance de ses contraintes physiques). Tous contribuent à faire vivre l’expérience du temps comme un labyrinthe. Métaphore de l’érosion progressive de la rationalité normative décrite ci-dessus, les techniques de distorsion et de modulation du son déstabilisent le timbre et l’intonation de la harpe, tout comme l’accord en scordatura microtonale. Les résonances disloquées de harpe, les bruits de pédale, les sons extrinsèques – de l’océan, de la pluie, de chants d’oiseau, de crachotements d’un vieil enregistrement – contribuent tous à créer un environnement acoustique tout à la fois au-delà et contenu dans l’univers de la harpe. J’imagine les éléments acousmatiques comme transformant l’espace de la performance en un vaste corps-esprit qui environne l’auditeur, et le remplissent telle une respiration.
La partie de harpe comme la partie électronique convoquent également certains aspects du tombeau baroque. L’écriture de harpe incorpore des éléments caractéristiques tels que des trilles, des pédales et des motifs répétés. Des éclats empruntés à des pièces richement ornementées de Froberger, Marais et Weiss dérivent dans la pièce, agissant euxmêmes à la manière d’ornements et de modulateurs.
Leur pâle présence invitera, je l’espère, à une plus profonde remémoration.
Le projet s’est transformé en un véritable effort collectif. Il n’aurait jamais pu voir le jour sans Parker Ramsay, son incroyable expertise, son énergie, son esprit d’initiative et son engagement passionné. Le soutien constant de l’Ircam et de sa merveilleuse équipe de production – avec une mention spéciale pour João Svidzinski, dont la perspicacité en informatique, l’oreille attentive et l’expérience de l’interprétation musicale sont devenus des adjuvants
intrinsèques au développement de l’œuvre – a été indispensable. Enfin, nous sommes à jamais reconnaissants aux Harpes Camac, qui nous ont généreusement fourni une harpe électroacoustique Big Blue, non seulement pour cette performance, mais durant les mois de recherche, d’échantillonnage et de préparation qui l’ont rendue possible.
Je ne les remercierais jamais assez.
Josh Levine


Anyway

Marqué par la disparition de son père, le compositeur américain Josh Levine a imaginé un tombeau musical à l’instar des musiques qui virent le jour au XVIIe siècle en France. L’électronique qui travaille la harpe, la désintègre et achève sa dissolution dans l’espace. Des techniques subtiles de distorsion, de modulation, des transpositions micro-tonales, déstabilisent le timbre et l’intonation de la harpe. L’instrument transformé est lui-même entouré par des sons extérieurs, l’océan, les ruisseaux, le bruissement des feuilles, l’espace devenu un vaste poumon. Des aperçus spectraux de pièces richement ornementées comme le Tombeau(1652) de Froberger sur la mort de Monsieur Blancrocher dérivent à travers la pièce, tels des ornements. « Leur pâle présence ouvrira, je l'espère, un portail vers un bassin encore plus profond de souvenir et de mémoire. » (J. Levine). En complément de cette création, l’Offrande de Michael Jarrell issue d’une œuvre concertante antérieure, et la création de David Fulmer, intégrant un choral de Bach.

Œuvre de

intervenants


partager


Vous constatez une erreur ?

IRCAM

1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43

heures d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h
Fermé le samedi et le dimanche

accès en transports

Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet, Les Halles

Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique

Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.