Cette pièce est pensée comme une invention à partir de sons de vent. J’imite le vent, qui constitue le tissu sur lequel j’organise cette musique. Cette imitation n’est pas simplement sonore, elle impose aussi une sorte d’organisation quant au devenir des événements musicaux : rien ne revient.
À partir de cette intuition, j’avance par associations d’idées. La seule règle est de ne pas revenir sur mes pas. Je cherche à créer des images sonores. Ces images se succèdent dans un temps qui pourrait potentiellement continuer à l’infini. D’un échantillon choisi de ce temps, émerge un son autre, qui résulte de la coexistence de sons instrumentaux, électroniques et environnementaux. C’est cette coexistence de trois temporalités superposées et distinctes que j’essaie d’organiser et d’interpréter, en traçant des lignes de contact. Ainsi, les images sonores se succèdent comme si elles étaient portées par le vent. Elles sont comme des rêves qui apparaissent quand je fais l’effort de percevoir le contact entre les sons et de penser comment cette musique serait si elle continuait vers un ailleurs ou provenait d’un endroit encore inconnu. J’essaie de libérer l’imaginaire. C’est un peu comme de tenter de savoir ce que j’écrirais, si je l’avais déjà écrit.
Eric Maestri, note de programme du concert du 15 juin 2019 au Centre Pompidou.